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Clair de lune
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21 janvier 2006

"Petit bonheur deviendra grand"

Petit hommage à la chanson de Salvatore Adamo que j'admire: "Petit bonheur deviendra grand", voilà qui correspond parfaitement à mes émotions actuelles. Après la dispute d'hier soir qui a succédé au retour de J., je pensais qu'il n'y avait plus rien à faire et que tout était dit, terminé, sans espoir. Emportés tous les deux par la colère, nous nous étions dit tout ce que nous avions sur le coeur, et plus encore. Mais, au réveil d'une nuit très courte, alors que J. était déjà parti, il y avait un mot sur la table de la cuisine. Ou plutôt une lettre, étant donné la longueur. Une lettre où il disait m'aimer, faire des projets pour nous deux, et s'excuser pour ne pas toujours faire attention à moi comme je le voudrais. Après le désespoir qui s'était emparé de moi, c'est une joie infinie que j'ai ressentie. Je n'arrivais presque pas à y croire. Et pourtant si, puisque j'ai ensuite reçu un message sur mon téléphone qui me disait presque la même chose avec des mots différents.

Non seulement j'ai été touchée et réconfortée par tout cela, mais en plus cela m'amène à me poser d'autres questions, sur moi-même cette fois. Qu'est-ce qui ne va pas chez moi? Ce qui fait que je ne suis jamais satisfaite, jamais rassurée? Car cette tendance - cette habitude, même - à tout remettre en cause, à douter perpétuellement, ce n'est pas normal. Bien sûr, hier tout cela était justifié, à mes yeux du moins. Mais d'autres fois ça ne l'est pas toujours...

Depuis hier, je suis plongée dans la lecture des Faux-monnayeurs, de Gide, et j'ai lu un passage qui m'a presque bouleversée tant je me retrouvais dedans; cela parle de deux personnages parmi les principaux: " [...] mais une signulière incapacité de jauger son crédit dans le coeur et l'esprit d'autrui leur était commune et les paralysait tous deux; de sorte que chacun se croyant seul ému, tout occupé de sa joie propre et comme confus de la sentir si vive, n'avait souci que de ne point trop en laisser paraître l'excès.

  C'est là ce qui fit qu'Olivier, loin d'aider à la joie d'Edouard en lui disant l'empressement qu'il avait mis à venir à sa rencontre, crut séant de parler de quelque course que précisément il avait eu à faire dans le quartier ce matin même, comme pour s'excuser d'être venu. Scrupuleuse à l'excès, son âme était habile à se persuader que peut-être Edouard trouvait sa présence importune. Il n'eut pas plutôt menti, qu'il rougit. Edouard surprit cette rougeur, et, comme d'abord il avait saisi le bras d'Olivier, d'une étreinte passionnée, crut, par scrupule également que c'était là ce qui le faisait rougir.

Il avait dit d'abord:

Je m'efforçais de croire que tu ne serais pas là; mais au fond j'étais sûr que tu viendrais.

Il put croire qu'Olivier voyait de la présomption dans cette phrase. En l'entendant répondre d'un ton dégagé: _ "J'avais justement une course à faire dans ce quartier", il lâcha le bras d'!olivier, et son exaltation tout aussitôt retomba. Il eût voulu demander à Olivier s'il avait compris que cette carte adressée à ses parents, c'était pour lui qu'il l'avait écrite; sur le point de l'interroger, le coeur lui manquait. Olivier, craignant d'ennuyer Edouard ou de se faire méjuger par en parlant de soi, se taisait. [...] Chacun d'eux se dépitait à ne sortir de soi rien que de sec, de contraint; et chacun d'eux, sentant la gêne et l'agacement de l'autre, s'en croyait l'objet et la cause. "

C'est effrayant, mais ce court passage résume à merveille mon comportement et mes relations avec les autres, qui que ce soit. Tout pourrait être plus simple si j'avais confiance en moi et si je parvenais à communiquer mes ressentis...

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Commentaires
S
j'adore les faux monnayeurs. J'ai pas le livre sur moi, mais le passage qui est tiré du journal de Je-Sais-Plus-Qui et qui commence par: "les romanciers nous abusent lorsqu'ils façonnent l'individu sans tenir compte des compressions d'alentour"..
Clair de lune
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